Nov 21, 2017

In this interview (in French) with Christoph Pausch, e-MFP,  our media partner Le Portail Microfinance takes a look at housing finance - topic of the European Microfinance Award 2017 and a key focus at European Microfinance Week, 29 Nov - 1 Dec:

Pourquoi le secteur financier traditionnel reste réticent à financer l'habitat dans les pays en développement ?

C'est un problème multidimensionnel. L'efficacité des systèmes de financement du logement, y compris la microfinance, exige un certain degré d'engagement : le personnel a besoin d'une formation ciblée pour appliquer des évaluations aux projets de construction et pour vérifier les titres fonciers. De plus, l'institution a souvent besoin de développer des relations avec les maçons et entreprises de constructions locaux; il faut en outre connaître les lois et les programmes gouvernementaux relatifs au logement et à la construction d'habitations. Pour les institutions de microfinance, il y a également un défi financier supplémentaire, car un portefeuille de logements nécessite une gestion à plus long terme ainsi que des fonds disponibles sur le long terme également. Ceci induit des risques tels que la volatilité des taux d'intérêt auxquels la plupart des IMF ne sont pas habituées. Et les prêteurs n'ont pas assez de pression concurrentielle pour offrir des prêts pour le logement. De nombreuses études ont montré qu'une partie importante des clients réorientent leurs prêts octroyés à leurs microentreprises pour les travaux d'amélioration de leur logement. En l'absence de pressions concurrentielles fortes, de nombreuses IMF ont trouvé plus simple de maintenir le statu quo plutôt que de se lancer dans ce qui leur semble être une pratique coûteuse avec des rendements inconnus.

Il y a aussi des obstacles venant d'autres parties prenantes. Dans de nombreux pays, les réglementations des institutions de microfinance tendent à limiter les prêts aux activités entrepreneuriales, et excluent par conséquent le logement. Par ailleurs, du point de vue financier, il y a un manque de financement à long terme et à faible coût. En particulier en devises locales, où il est nécessaire de construire des portefeuilles durables pour les prêts au logement. Enfin, un certain nombre de facteurs légaux et contextuels entrent en jeu : dans de nombreux pays, les registres fonciers ne comptent pas les ménages pauvres et ruraux, et le problème s'accentue particulièrement dans les établissements urbains informels, tels que les bidonvilles. De même, les lois et les systèmes régissant l'utilisation de la terre comme garantie de prêts – primordial pour les micro-hypothèques - sont inefficaces ou inaccessibles à tous, excepté aux ménages les plus riches.

Pourtant, il ne faut pas que les obstacles nous découragent- les opportunités de financement du logement sont bel et bien présentes, et le secteur de la microfinance peut faire beaucoup pour les élargir considérablement.

Quel bilan peut-on tirer des récentes initiatives de financement de l'habitat ? Qui en a bénéficié ?

Les initiatives sont nombreuses et extrêmement vastes. Parmi les meilleures institutions qui ont participé au Prix européen de la microfinance, on trouve, par exemple, une coopérative rurale qui travaille étroitement avec des familles indigènes au Mexique, leur fournissant des services d'épargne et des prêts, et leur permettant d'accéder à des subventions gouvernementales pour le logement conçues pour les plus démunis. Au-delà des services financiers, la coopérative encourage les clients à collaborer aux travaux de construction des logements des autres ménages. Elle travaille en outre avec le gouvernement mexicain pour s'assurer que les critères de subvention puissent être adaptés aux réalités de leurs clients. D'autres projets incluent notamment des programmes de formation pour encourager les maçons locaux à utiliser des techniques de construction antisismiques, en utilisant des matériaux de construction rentables et fabriqués localement. Les clients de la microfinance pour le logement sont ensuite invités à embaucher des maçons ayant suivi cette formation. D'autres acteurs de la microfinance pour le logement se concentrent sur l'octroi de micro-hypothèques - de petites hypothèques pour les familles de la classe moyenne – leur permettant d'acheter des appartements dans des immeubles de plusieurs étages dans les grandes villes, où la disponibilité limitée des terrains rend le bâtiment informel encore moins adéquat.

Ce ne sont que quelques exemples très variés, mais ils ont tous un point commun: ils donnent aux familles précarisées la possibilité de vivre dans des logements de meilleure qualité, qui autrement prendraient plus de temps à être construits ou seraient plus coûteux pour eux.

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